Religion et Informatique

Voilà un thème bien peu exploré, malgré le fait que l’informatique soit désormais présente dans la vie de 99% des gens dans le monde, via des ordinateurs, des smartphones ou des télés intelligentes. Et que 80% des habitants du monde environ croient en Dieu. Qu’est ce que la religion peut nous apprendre sur l’informatique ? Y’a t-il un bien et un mal en informatique, une morale ?

A l’inverse, qu’est ce que l’informatique peut nous suggérer sur la religion ? Et surtout pourquoi beaucoup d’informaticiens célèbres comme Steve Jobs, Bill Gates et d’autres, sont ils athées ?

Informatique, une science ?
De nos jours, l’informatique du 21e siècle a détrôné les mathématiques du rang de science absolue. Certes, les maths restent la référence absolue pour tous les intellos en manque de raisonnements complexes. Mais dans cette société de l’instantané, du devenir, du paraitre permanent, l’informatique séduit bien plus, et montre de suite son efficacité pratique.

Voilà pourquoi les plus brillants adversaires de la religion se cachent désormais chez les informaticiens, héritiers malgré eux de mai 68, d’une technique censé libérer l’humain des contraintes morales et terrestres. Il suffit de penser à Xavier Niel par exemple.

Pourquoi cette haine ? C’est simple, l’informatique est le royaume du binaire, ces 0 et ces 1 qui sont à la base de la discipline, et cette logique se retrouve partout, puisqu’en informatique, le même test produire toujours les mêmes résultats. A deux exceptions près : les bugs (qui peuvent introduire une part d’aléatoire, par exemple si un bug fait que la dernière date de naissance saisie par un autre utilisateur est utilisée pour calculer un age, au lieu de celle qu’on vient de saisir). Et la sensibilité aux conditions initiales, et explique souvent pourquoi deux tests en apparence identiques ont des résultats différents.
Mais l’informaticien est relativiste :
– il ne cherche pas l’éradication des bugs. Il lui suffit qu’il en reste un nombre acceptable et toléré, et qu’aucun ne soit trop grave pour l’utilisateur. Surtout, cela lui permet de vendre de la maintenance
– il vit dans un monde en perpétuelle évolution dans lequel le matériel, le logiciel ou le langage à la page sera probablement dépassés dans deux ans, la vérité est donc “évolutive”, et sujette à des débats qui n’ont rien à envier au sexe des anges, comme “Java ou PHP” ou encore Microsoft vs Linux.

Foi d’informaticien
Pourtant, à bien y réfléchir, cet univers empli de logique devrait pousser l’informaticien à s’interroger sur le sens de la foi. Il SAIT que la vérité de la programmation existe. Si j’écris “$toto=1”, alors $toto vaut 1. C’est 100% sur, il n’y a pas d’erreur possible. L’informaticien a la FOI dans son langage.
En fait, plus précisément, il a la foi en un interpréteur ou un compilateur, qui transforme ses lignes de code en quelque chose d’interprétable par le système d’exploitation. Ce compilateur est considéré comme sur. Aucun développeur n’a la prétention de savoir mieux que le compilateur, ce que son code va faire. Sans le savoir, le créateur du compilateur est un dieu, qui a créé tout un univers vivant, avec ses règles, ses croyants, et sa bible: le manuel du langage.

Dieu a fait pareil. Pourtant Dieu sait tout. Au fur et à mesure que vous écrivez votre code, Dieu comme le concepteur du compilateur sait ce qui va en advenir. Cela s’appelle la liberté, et de la même manière qu’un développeur est libre d’écrire des bugs, un humain peut aussi refuser la bible et commettre des péchés. Dieu va même plus loin : Il sait avant même que vous ne faisiez un acte, que vous alliez le faire.

Analogies et Créateur
Mais les développeurs ne pensent pas que ce qui s’applique en informatique, s’applique en religion. Qu’il n’y a qu’une seule chose de vraie à un instant donnée. Et que sauf changement des règles par le créateur du “jeu”, la vérité ne change pas. Croire à un monde sans créateur, c’est comme croire à un langage sans compilateur; un langage qui s’auto compilerait en envoyant des instructions machines au pif. Par l’évolution. Aussi incroyable que ca puisse paraitre, 95% de nos contemporains européens pensent que la vie est apparue comme ca : par hasard. Comme un développeur qui taperait des touches au hasard sur son clavier, et réussirait à écrire le code source de Windows, quelques millions de lignes, sans erreur. On y croit tous à mort. Non mais sans blague, chers européens, la théories des probabilités, ca vous dit quelque chose?
Vous allez me répondre ? Un évènement qui a une probabilité très faible d’arriver, finit par arriver. Le pourcentage de chance de gagner au loto a beau être de 0.00001 % ou du genre, il y a bien un gagnant. Oui mais avec l’évolution, la probabilité est bien bien inférieure à tout ça. Ça va chercher dans les puissance de puissance, je ne me souviens plus du chiffre, mais imaginez déjà que le nombre d’atomes dans l’univers tient dans à peine 10 puissance 80. Élevez un nombre à une puissance élevée, encore à une certaine puissance, et ça en devient astronomique. Alors qu’est ce que la durée supposée de vie de la terre, de 15 milliard d’années, vient faire la dedans.. c’est tout au plus une durée de 10 puissance 20, en une unité de temps cohérente avec la vitesse de déplacement de la lumière et donc la limite de vitesse de l’évolution. C’est à dire que dalle d’un point de vue de statistique. La probabilité a beau être multipliée par 10 puissance 20, elle reste nulle.
Bug de l’évolution, bug informatique
Bref, donc, la probabilité que l’évolution ait donné naissance à l’homme est quasi nulle, mais admettons que nous soyons dans l’univers où cela a marché. Puisque nous existons, on ne peut pas non plus l’exclure. On devrait voir des tas d’autres espèces ayant eu des mutations de génialité équivalente, à plusieurs endroits différents de la planète. Or comme par hasard, rien de tout cela, il n’y a qu’une seule espèce humaine, sur une seule planète, et avec zéro humain “à moitié ratés”, zéro “chainon manquants” qui permettent de relier l’homme au singe. Et bizarrement, cette théorie non prouvée est enseignée. Ceux qui la jugent stupide, sont traité d’obscurantistes. Allons donc. Un obscurantiste qui a 99.9999999.. % de chances d’avoir raisons. Beaucoup de traders donneraient cher pour acheter une formule qui a ce pourcentage de chance d’être vraie.
Évolution et Informatique ne font pas bon ménage. On voit énormément de bugs. Je n’ai encore jamais vu de “bug positif” à la manière de mutations génétiques “bénéfiques”. Des bugs qui ajouteraient des fonctionnalités à une application. Des bugs qui la rendraient plus rapide, plus sure, plus facile à utiliser. Ça et la, une incompréhension du cahier des charges peut effectivement être bénéfique pour l’application, mais notre définition de bug sera ici “un bout de code faisant une chose différente de ce que le développeur voulait coder”. (et non du cahier des charges).
C’est le bon sens qui régit l’informatique. Moins de lignes de code ou moins de temps pour faire la même chose, c’est mieux. C’est d’ailleurs là toute la différence entre un langage constructiviste comme le Java, ou le fait d’avoir des objets et des spécifications est le plus important. Avec un langage comme le PHP, pragmatique, dans lequel on veut juste que ca marche, peu importe comment c’est fait. Le PHP est purement protestant. Le Java est socialiste et européen dans l’âme, “progressiste”, il cherche à écrire d’abord une théorie, puis à l’appliquer au réel afin de modifier ce réel.
La religion nous dit que tout acte est bon ou mauvais, à un degré divers. L’informatique n’a cure de cela, seul lui importe le résultat, selon l’adage “la fin justifie les moyens”. Trop d’informatique amène donc à une pensée libérale, dans laquelle il faut privilégier certains aspects (qualité du code, vitesse d’exécution, sécurité…), selon ce que vend l’entreprise. Une ligne de code n’est pas bonne ou mauvaise individuellement, c’est le tout qui sera jugé.
La religion nous parle de sacrements, de vertus, de clergé, tout un tas de concepts pour structurer les fidèles et les croyances. Le langage informatique a aussi ses réunions, ses versions, ses “commiteurs” et ses licences, ses consultants et architectes. Des dogmes en développement, il y en a aussi. Mais des libéraux, qui changent.
Une “informatique théologale” a t-elle du sens ? Pas vraiment, l’informatique étant un moyen technique et non une fin en soi, fixer pour toujours des dogmes n’a pas vraiment de logique.
Il y a donc des convergences et des différences. Surtout, des comparaisons qui devraient pousser les informaticiens à s’interroger sur l’existence de Dieu.

 

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