Le résultat des élections m’a amené à ma questionner : comment cette “France du Non”, majoritaire à 55% en 2005, peut-elle autant se faire avoir ?
Son choix n’a pas été respecté. Elle a ensuite voté à 77% pour des candidats du oui en 2007 (et à 100% au second tour, faute de choix).
En 2012, rebelote : seulement 33% pour le non, et 0% au 2e tour.
En 2017 enfin, il semblait que les français allaient enfin voter par rapport à leurs convictions sur l’Europe, la monnaie, la construction européenne, le social : 48% pour des candidats du non au premier tour ! mais seulement 34% au second tour.
Ces petits rappels (le calcul peut-être complété sur d’autres élections) montre que de nombreux électeurs sont fidèles au LR et au PS, malgré le désaccord sur la construction européenne, l’euro. Si 55% des français ont voté pour le non en 2005, il ne faut pas oublier que ce vote était morcelé en 4 :
- 20% de non “nationaliste”
- 10% de “droite classique”
- 10% du PS
- 15% de l’extrême gauche.
Rassembler ces 4 composantes est quasi impossible. A ce titre, les 34% de MLP ne sont pas si mauvais, compte tenu de sa campagne axée sur ce thème : cela signifie qu’elle pu rassembler (même si son score est aussi du à de l’abstention), au delà des 30% de nonistes de droite.
Croire que parce que le non au référendum de 2005 a gagné, le non à l’Europe peut gagner, est une chimère : les 25% de gauche sont pour une “Europe sociale”. Les 10% de droite pour une “Europe des nations”. Seul environ le socle du FN est contre l’Europe et l’euro.
Une majorité pour faire changer la France
Pour changer la France, le plus efficace reste de prier. Maintenant, si nous voulons agir, il faut réunir, que ce soit localement ou nationalement, une majorité de plus de 50%, être élu, et faire bouger les choses.
Or, actuellement, trois lignes “anti système pas d’extrême gauche” cohabitent :
- Celle de Soral : il veut unir tous ceux qui sont contre l’impérialisme américain et contre les juifs : cette sorte d’union des racistes de tout poil implique de pactiser avec toutes sortes de musulmans peu fréquentables, pro palestiniens.
- Celle Marine Le Pen et Florian Philippot : c’est la “France du Non”, qui nécessite d’avoir un programme national socialiste, qui prône la retraite à 60 ans, les services publics et autres inepties.
- Celle de l’UPR : c’est la “France Gaulliste”, centriste mais anti-européenne. Le succès de Macron montre que le mythe de l’UPR finira sur une des 2 autres solutions ou leur vague synthèse :
- Soit il met en avant la réconciliation, le fait que lui au contraire du FN est fréquentable et pas raciste : son créneau ressemble alors fortement à celui de Soral : mais le potentiel de voix est à peine de l’ordre de 15% sur ce créneau, 5 venant de chaque extrême, 5 de l’UMPS qui est très pro-système (une fraction villiériste ou chevènementiste peut-être ?)
- Soit il met en avant la patrie, la nation, … et rejoint Philippot sur une ligne “ni droite ni gauche mais nationaliste” : même plafond de verre
- Pour le moment, vu le tropisme de Asselineau sur la sortie de l’Europe, de l’Euro, et en même temps un discours très léger sur les thèmes chers à la droite (immigration, pression fiscale), on est vraiment sur une synthèse.
Ces trois lignes ont en commun une chose : elles négligent le seule vrai trait d’union pour nous permettre d’être en “minorité majoritaire” : la religion.
Minorité majoritaire
Pourquoi je dis “minorité majoritaire” ? Cette élection de 2017 a été pour moi une révélation :
- Il y a trois grands blocs : gauche radicale (divisée entre LFI et PS), Macronisme et droite molle, droite “assumée” (Wauquiez etc.) et FN.
- Outre que les deux blocs d’opposition au Macronisme sont divisés, aucun de peut avoir la majorité absolue : le 3e bloc votera toujours pour le centre, ce qui assure au Macronisme d’être majoritaire quasiment en permanence.
J’ai pensé pendant longtemps qu’il “suffisait” d’avoir un programme de “droite hors les murs”, fort, affirmant nos valeurs (moralité, anti immigration, juste équilibre entre libéralisme et socialisme, etc..) pour être élu. La vérité, c’est que nos idées, au sens large, sont minoritaires en France, et ne représentent que 30 à 35% de l’électorat, même en trouvant le candidat génial qui les fédérera. En effet, un candidat de vraie droite (type De Villiers, Dupont-Aignan, Bompard, …), qui aurait eu un programme de “vraie droite” face à Macron, n’aurait pas fait beaucoup mieux au 2e tour.
La raison en est simple : dans ces jeux de second tour, deux “micro blocs” jouent les arbitres :
- D’une part les “centristes” : UDI, Modem, Juppéiste, NKM, UDF, … Appelez les comme vous voudrez, ils sont indispensables à la droite pour avoir la majorité: or, ils sont farouchement pro-Europe, et libéraux sur les thèmes de société (ce sont ces deux énormes points communs avec Macron, qui les ont conduit vers lui). Lors d’alliance avec la droite, ils imposent systématiquement leurs points de vue.
- De même, pour que la “France du NON” soit majoritaire sur un candidat de “non de droite”, il faudrait que le micro bloc “d’extrême gauche du NON”, pour simplifier, disons Mélenchoniste, accepte de voter pour un candidat qui remet ne serait-ce qu’un tout petit peu en cause leur immoralité (ils sont pro avortement, euthanasie, GPA, etc.) : un accord d’appareil est impossible. Et au niveau des électeurs, dans l’urne, disons le de manière imagée, le petit gaucho libertaire ne votera jamais pour l’ordre moral, même s’il le protège du chômage.
La conclusion c’est qu’il ne faut pas viser la majorité. Il faut viser d’être le plus gros des trois blocs, et de gagner dans des triangulaires partout en France. Pour la présidentielle, il faudrait s’arranger pour être face à Mélenchon, ce qui permettrait de récupérer des voix de “droite molle”, à condition d’avoir un programme pas trop anti Europe ni anti libéral en économie.
Qui dans cette minorité majoritaire ?
La logique est donc là : au lieu de viser une illusoire majorité, que nous n’aurons jamais, il faut rassembler tous ces courants authentiquement de droite, de Wauquiez à Marion Maréchal Le Pen, De Villiers, etc.. et construire une programme basé sur ce qui nous unit.
Ce qui nous unit avec “LR de droite” n’est pas l’économie et l’Europe : et c’est là ou le FN a faux, ces dissensions bloquent ses marges de progrès à droite lors des seconds tours.
Ce n’est pas non plus le nationalisme ou le racisme, même si nous avons des valeurs communes autour de la nation : car les excès du FN font peur aux “papys mamies qui votent LR”.
Ce n’est pas la défense des services publics ou la retraite à 60 ans.
Ce n’est pas la sortie de l’Euro.
C’est la chrétienté. Nous sommes chrétiens. Dans ce bloc de 30-35%, nous sommes quasiment encore tous baptisés, et nos enfants aussi. Ils vont encore au caté et se marient religieusement, parfois font un peu plus et pratiquent, mais ils ont gardé ce fond.
De plus, la chrétienté est aussi le socle de notre politique :
- Pour la paix et pour l’Europe, mais une Europe des nations : un compromis entre l’atlantisme ou le fédéralisme d’un côté, et le nationalisme de l’autre, tous deux faux espoirs
- Pour le retour de la morale : certes à divers degrés, mais globalement nous sommes contre l’euthanasie, contre le mariage homo, contre l’avortement ou du moins sa banalisation, contre la marchandisation de l’humain
- Pour une économie juste : ni assistanat, ni libéralisme forcené. L’idée un moment évoquée par Sarkozy de trois tiers (un pour les salariés, un pour les actionnaires, un pour l’investissement) pourrait être un ciment de notre action, et érigée en loi.
- Pour une nation affirmée : langue Française, immigration choisie (quotas) mais sans racisme, promotion de l’école libre (chèque scolaire), etc..
Le bonus musulman
Dans ce cadre, et afin de nous aider à franchir les élections en tête, les musulmans seraient d’une grande aide. Eux qui ont voté à 94% pour Hollande en 2012 : il faut absolument donner une chance à ces français musulmans et leur offrir une perspective chrétienne qui les associe au pays au lieu de les exclure.
Ces valeurs chrétiennes les attireront et les délivreront du socialisme. Ce n’est pas avec de la haine contre les juifs ou les américains (à la Soral) que nous allons les attirer. Mais avec un message de rigueur, de loi morale, d’amour chrétien.
Nos ennemis mondialistes veulent nous diviser : le programme énoncé ci-dessus peut nous faire gagner.
Pour que ce programme marche, il faut que nous soyons résolument chrétiens et que cette composante ne soit pas cachée.
Pour autant, il faut sortir du piège du “sociétal” dans lequel un parti comme Civitas, ou dans une moindre mesure, les micros partis de droite, sont tombés à fond : le principal n’est pas les questions sociétales ou l’immigration dans notre projet. Ces questions sont le “fond”, le socle non négociable. Mais elle ne sont pas un programme politique en soi. Lorsqu’on se présente aux élections, on ne peut pas prétendre résoudre le chômage, la violence, l’illettrisme, d’un coup de baguette magique avec une Bible. Il faut des solutions concrètes, et surtout, positives : arrêtons de présenter un programme négatif, qui ne parle que des interdits que nous allons remettre (l’immigration illégale ou l’avortement par exemple). Parlons plutôt de nos valeurs et de ce qu’elles vont apporter : la justice. La promotion des vertus et la répression beaucoup plus forte contre les mensonges (notamment la publicité, qui, dans un projet radical, pourrait être interdite, vu l’emprise qu’elle a sur les médias et donc sur toute la société). La mise en avant des méritants (exemples : pompiers, policiers, gens de banlieue ayant réussi, entrepreneurs, etc..) et non des “stars” (foot, chanson, télé-réalité). L’incitation au travail.
Bien sur, nos ennemis nous questionneront sans relâche sur la partie catholique de notre programme, qu’ils haïssent : c’est donc à nous, à chacune de ces attaques, de répondre de manière positive. Par exemple si l’on vous questionne sur l’avortement, vous pourrez répondre sur l’accueil de la vie, une organisation d’adoption qui permettra aux mères ayant évité l’avortement de placer leur enfant, l’aide aux handicapés (qui auraient par exemple évité la sélection génétique, et les autres, les handicapés par accident ou non détectés), la détresse des femmes ayant avorté, etc..
Ce ne sera pas un combat facile : à mesure que nous réussirons à faire évoluer la société “en arrière” (soyons fiers d’être des réactionnaires puisque c’est comme cela que nos ennemis nous appellent, il faut les prendre à leur propre jeu du changement de sens des mots), les combats du passés ressurgiront. Pour reprendre l’exemple de l’avortement, si nous expliquons aux français que c’est un meurtre et qu’il faut l’interdire, les francs-maçons nous ressortiront les histoires de viol ou de risques sanitaires pour les femmes, comme cela fut le cas dans les années 1970. Il faudra déconstruire des décennies de mensonge pseudo-scientifique qui ont été inscrits au plus profond de nos contemporains. Par exemple, le mensonge sur la date de début de la vie et le mensonge de “l’amas de cellule” qui leur permet de parler de “pilule du lendemain” en tant que contraceptif, alors que c’est un avortement précoce.