Il y a clairement eu une démobilisation de l’électorat, avec une abstention record. En gros, le triomphe annoncé d’En Marche a fait que plus les électeurs en sont loin, plus ils se sont abstenus => FN d’abord, puis Insoumis et enfin LR, alors que la gauche (PS + ecolos) et Macron ont perdu beaucoup moins d’électeurs
- L’extrême gauche (1%) ou les verts (2) ont choisi LFI par vote utile, mais cela peut vite changer. Les 4% obtenus par EELV sont d’ailleurs élevés, même s’ils sont à relativiser car il s’agit souvent de circonscriptions dans lesquelles le PS s’était désisté en leur faveur.
- Encore assez peu de gens s’identifient à En Marche : parmi leurs 32 électeurs, il est probable que 5 s’identifient au PS, 5 au modem/UDI et 5 aux républicains
- Les “partisans” FN ont plutôt bien voté FN : cela indique que parmi ceux qui se sont détournés du FN aux législatives, il y a environ 1.5 à 2% qui sont des gens qui ont voté pour la personnalité de MLP mais n’aiment pas trop le parti
Le vote à 41% Macron dans les petites villes de 2000 à 20 000 habitants doit nous interpeller : cela signifie que beaucoup de gens de banlieues ou villes moyennes “espèrent” en Macron, au delà de leurs idées politiques : autrement dit ils se font enfumer.
Enfin, la sociologie du vote a avantagé Macron à tous les coups : ce sont les vieux, les riches, les éduqués, les cadres, qui ont le plus voté
Imaginons de façon arbitraire que les abstentions n’aient pas été plus élevées qu’à la présidentielle :
- La participation baisse en gros de 30 points, de 79 à 49
- Le tableau montre que environ 46% des votants de la présidentielle ne sont pas allés voter, soit 36.34 personnes. Cela implique que 6.34 personnes qui s’étaient abstenus aux présidentielles, sont allés voter (ce qui est cohérent avec le fait qu’à chaque élection, environ 10% des gens sont empêchés d’aller voter à cause de déplacement ou vacances ou autres.. et cette fois ci, pour 63% d’entre eux, ils ont pu se libérer).
- En moyenne, pour 100 électeurs exprimés aujourd’hui, il y en avait donc 87 qui avaient voté à la présidentielle, et 74 de plus à la présidentielle qui n’ont pas voté.
- Sur ces 74, 19 avaient voté MLP, 12 Fillon, 14.5 Macron, 4.5 Hamon, 16 Mélenchon (et 8 pour d’autres).
- Donc, si ils avaient voté pareil qu’à la présidentielle (hypothèse qui va donc “aplanir” les changements d’avis de ce dernier mois), on aurait eu en “Pour 174”
- FN 32 (13 + 19)
- LR 32 (20 + 12)
- Macron 47 (32.5 + 14.5)
- PS 13.5 (9 + 4.5)
- Mélenchon et PCF : 30 (14 + 16)
Si on remet en %, cela veut dire, si tout le monde était aller voter, on aurait constaté (voire avec des mouvements de plus grosses ampleur) :
- Une baisse du FN et de LR à 18% (-3 et -2)
- Une baisse de Mélenchon à 17% (-2)
- Une hausse du Ps à 8% (+1.5)
- Une hausse de Macronisme à 27%
Il est légitime de penser que les mouvements à gauche entre PS et LFI sont des vases communicants
En revanche, cela indique que la droite a nettement baissé au profit de Macron ! Comme une partie des électeurs de Macron sont revenus vers le Ps, cela masque un peu cet effet : mais on peut estimer les mouvements ainsi
- FN vers Macron : 3
- LR vers Macron : 5 (compensé par des partisans de DLF)
- Macron vers PS : 3
- PS vers petits partis de gauche et verts : 1,5
- Mélenchon vers petits parti de gauche et verts : 2
La réalité c’est qu’on se trouve maintenant avec une France coupée en trois :
- un bloc conservateur FN et ce qui reste de la droite non macroniste – 30-35%
- ce qui est ironique c’est que les électeurs de LR n’ont jamais été aussi proches du FN et de la manif pour tous, et les dirigeants (Baroin, NKM…) jamais autant à gauche
- un centre à 30%, enfin soudé autour de Macron
- une gauche plus ou moins radicale, elle aussi divisée, et à 30-35% également
Macron est donc à la tête du plus petit des 3 blocs – son score de 32% étant gonflé par l’abstention des autres blocs, il est en réalité plutôt vers 28 – et pourtant il gagne, car chacun des 2 bords de son opposition est divisé en deux! Un coup de maitre