Cet article vise en deux parties, à rétablir la vérité sur les discussions entre la fraternité Saint Pie X (FSSPX) et le pape Benoit XVI. En effet, beaucoup de monde cherche à répandre des rumeurs contradictoires :
- nos ennemis libéraux veulent faire échouer les discussions
- les médias veulent répandre leur haine à notre égard
- des membres de la FSSPX manquant de prudence et de confiance. veulent empécher des accords qui pour eux seront forcément mauvais
- d’autres, surtout des “Ecclesia Dei”, veulent absolument nous faire signer tout et n’importe quoi pourvu que nous soyons reconnus par le pape..
- le pékin moyen, qui n’a aucune idée des problèmes doctrinaux introduits par Vatican 2, ne comprend pas pourquoi on fait tant de cas d’une poignée d’irréductibles
- Etc..
Bref, tout cela donne un flou artistique
Le but de ce premier article est de réécrire une chronologie claire des faits, qui aide à montrer deux points ;
1) Mgr Fellay ne souhaite pas du tout un accord n’importe quel prix
2) Le pape non plus
Les faits
2009-2011 : discussions philosophiques/théologiques entre Rome et la FSSPX, montrant les désaccords doctrinaux sur plusieurs thèmes propres à Vatican 2 (collégialité, nouvelle messe, etc.)
A noter que les discussions ont été voulues par le Vatican. On ne peut pas accuser Mgr Fellay d’avoir voulu des accords, il s’est juste plié aux demandes de discussions venant du pape, ce qui est naturel pour tout catholique
vers avril? 2011 : Voyant que les différences doctrinales sont profondes, Rome devient pressé et clôt les discussions, certains sujets étant inachevés. Les discussions ont montré que les deux parties ne sont pas d’accord sur la question de la cohérence entre l’enseignement pré Vatican 2, et le concile.
Cependant (source : Abbé de La Rocque), Rome reconnait à demi mot que son interprétation, l’herméneutique de la continuité (HDLC), ne peut pas être prouvée : tel un scientifique partisan de l’évolutionnisme, il cherchent encore le chainon manquant entre l’enseignement des papes précédents, et le concile.
Cela part du sophisme suivant : Nous sommes Rome, donc nous ne pouvons pas nous tromper (jamais, même sur le concile), donc même si ce concile a dit des choses qui semblent aller contre ce qui a été dit avant, il faut absolument leur trouver une interprétation qui concilie les mots du concile, et ceux d’avant. Nous verrons dans le 2e article, de fond, que cela est impossible.
Rome veut donc un accord rapide.. il y a des discussions sur un accord
mi 2011 : on se rend compte qu’aucun accord n’est possible. Le pape voulait trouver une phrase “bateau” acceptable aux deux parties. Mais cette phrase contient son HDLC et elle est donc non acceptable pour nous
septembre 2011 : 1e proposition de Rome
fin 2011 : réponse de Mgr Fellay que c’est pas possible de la signer
mars/avril 2012 : mise en scène, avec l’aide des médias libéraux, par le cardinal Levada, du coup de l’ultimatum pour nous mettre la pression. Cette 2e proposition de Rome est pire que la 1e; les médias parlent d’ultimatum alors que c’est pas ça (mais ce que voudraient nos opposants)
vers 20 avril 2012 : 2e réponse de Mgr Fellay avec contre proposition. les médias parlent d’accord car la proposition de mgr Fellay est plutôt bien reçue à Rome.
mai/juin : affaire avec les 3 autres évêques, qui se désolidarisent de Mgr Fellay. On se demande bien pourquoi alors que mgr Fellay est en train de refuser systématiquement tout accord reconnaissant Vatican2… à moins d’imaginer que Rome refuse une réponse de Mgr Fellay qui accepterait le concile (donc que Mgr Fellay soit “trop libéral mais pas assez pour Rome”), les refus de Rome indiquent que Mgr Fellay tient bon sur l’essentiel, à savoir la non reconnaissance de l’HDLC de Vatican2.
Il semble que la perspective de la réussite de la 2e réponse de Mgr Fellay a fait paniquer les autres évêques, craignant que le demi secret entourant ces discussions soit un signe de capitulation, ce qui est entièrement faux. En résumant, on pourrait dire qu’ils oublient que dans la fraternité, le rôle d’évêque ne les autorise pas à être au courant de tout, ce n’est pas la démocratie !
vers 15 juin 2012 : 3e proposition de Rome qui vide de sa substance la réponse 2 et revient grosso modo à la proposition 1
juillet 2012 : le chapitre général de la fraternité va refuser cette proposition 3 (source : lettre Abbé Thouvenot)
> juillet 2012 : nous voilà au devant de 5 issues possibles.
Les issues possibles
1) Accord : ce qui voudra dire que le pape a cédé et que nous n’aurons pas signé de blanc-seing à vatican2, et à moins de prendre B16 pour un schizophrène, ça voudra dire qu’il a en partie admis que son HDLC est fausse – je dirais 40 %
2) Les deux parties conviennent d’un statu quo : 20 % . Peu probable car cela reviendrait pour le pape à reconnaitre qu’il na pas pu prouver la vérité de son HDLC
3) Le pape nous “re excommunie” devant notre refus de son HDLC : 30%. Cette issue a été mentionnée comme possible par l’abbé de la Rocque, bien sur il peut ne s’agir que d’un moyen de pression
4) Mgr TDM (tissier de Mallerais) se focalise sur une 4e issue : “Mgr Fellay cède” et signe une reconnaissance de l’HDLC (ce qui nous ferait être des clones de la fraternité Saint Pierre et serait doctrinalement illogique après avoir bataillé pendant 3 ans sans trouver de terrain d’entente) – 5%
5) Le pape cède mais en voulant nous arnaquer ! 5 %. Il parait que la raison du revirement de Mgr Lefebvre en 1988 fut que après avoir signé l’accord proposé par un certain Mgr Ratzinger à l’époque, celui-ci lui demanda de signer un autre papier où Mgr Lefebvre aurait reconnu s’être trompé sur certains points.. Vrai ou faux, cela donne tout de même un peu de crédit aux craintes de Mgr Tissier de Mallerais. Mais va à l’encontre de l’issue 1)
il n’y a pas d’autre issue possible, tout le reste n’est que blabla.
Avis personnel
Les issues1 et 3 restent à mon avis les plus probables, càd que c’est le pape lui-même qui va finir par se décider pour l’un ou l’autre, reconnaissance de la fsspx (quasiment) sans condition, ou nouvelle excommunication. Je le vois mal reconnaitre que les discussions n’ont mené à rien, d’autant que ça serait avouer que son HDLC est improuvable, donc au pire s’il nous en veut ça sera excommunication par “argument d’autorité”, comme en 1988 (“je suis Pape donc l’HDLC est vraie”), mais il laissera pas le statu quo
ADDENDUM aout 2014
c’est finalement la solution 2 qui a prévalue, contre toute attente. Cependant, mon analyse reste 100% valide