En cherchant des informations sur les liens passés et présents entre différents “clubs d’influences anglo-saxons” comme le Rotary Club, et la franc-maçonnerie, je suis tombé sur un très bon article, écrit par un rotarien, mais très documenté et honnête sur la question. Je me permets de le reproduire ici et de donner mon avis personnel:
Il est clair qu’appartenir à un club comme le Rotary n’est pas en soi mauvais. Il conviendra cependant en tant que catholique d’essayer d’abord de donner son temps à faire de l’humanisme dans un cadre chrétien et non laïque. Ensuite, si la position économique le nécessite et le club local n’est pas noyauté par des anti-chrétiens, on pourra en faire partie, mais il conviendra aussi de rester vigilant à ne pas se faire imprégner par l’état d’esprit laiciste.
Bref, mon avis personnel est : évitez si vous le pouvez. Cette consigne ne s’applique de toute façon qu’aux gens influents, le Rotary marchant par cooptation.
Il y a toujours le risque en allant dans de tels clubs humanistes, de se faire plus de mal à soi qu’on ne fait du bien aux autres. De plus beaucoup de ces clubs dérivent vers des réseaux de passe-droit (je ne parle pas ici spécifiquement du Rotary que je ne connais pas, mais de ce genre de clubs en général)
Même si un club comme le Rotary n’a pas de symbolique propre, le fait que les existences de clubs soit notées aux entrées des villes, comme l’étaient jadis les horaires des messes, tends à comparer l’assistance à la réunion du club à une sorte de messe dominicale humaniste !
Voici donc cet article
Je voudrais tout d’abord vous remercier de l’accueil que vous me réservez ce soir. Certains d’entre vous me connaissent dans le cadre de mon activité professionnelle. Tant mieux s’ils découvrent maintenant une autre facette de mon personnage !
Francis Bassette vous a présenté mon parcours personnel. C’est au cours de mes travaux sur l’histoire des mouvements de jeunesse et plus spécialement du du scoutisme que j’ai été amené à m’intéresser à l’histoire des clubs-service et plus particulièrement à celle du Rotary.
C’est en effet en travaillant sur les milieux qui jusqu’en 1939 se sont opposés à la naissance puis au développement des associations scoutes en France que j’ai eu la surprise de découvrir que la même thématique était développée vis à vis du Rotary. Et ces dénonciations réapparaissent encore de temps à autres dans des milieux bien particuliers.
Pour ceux-ci, scouts, Rotary et quelques autres groupes sociaux ne sont que les éléments du vaste complot mondialiste qui constitue le côté caché de l’histoire pour reprendre le sous-titre titre d’un étonnant et volumineux ouvrage paru début 1999 [1]. Je vais donc vous présenter ce soir “le complot dont vous êtes les héros”. Je vous signale principalement trois ouvrages qui seront utiles à celles et ceux qui souhaitent approfondir le sujet :
Claude Malbranke, Le Rotary-Club en France sous Vichy, éditîons L’Harmattan, 1996. Claude Malbranke est membre du Rotary Club de Dunkerque et de la Commission historique du Nord [2]. Les notices de cet ouvrage consacrées aux clubs du Nord ont été publiées en 1995 dans le nº 2l-22 du bulletin de l’association Mémor.
Adrien Loubier, Le clubisme et les clubs, éditions Tradiffusion, Bulle (Suisse), 1996. Il s’agit d’une plaquette très hostile aux clubs, d’inspiration catholique intégriste.
Fédération nationale catholique, Les catholiques et le Rotary, sd, (1936). Nous allons revenir en détail sur cette brochure.
1) De 1931 à 1939 : dès sa naissance, le Rotary se heurte à des oppositions farouches
Le Rotary-Club apparaît en France dès 1921. Il est donc le doyen des clubs service en France. Le Soroptimist International, club féminin, apparaît en 1924, fondé par le docteur Noël. Dans les textes polémiques, il sera souvent présenté comme la branche féminine du Rotary [3]. Les autres clubs n’apparaîtront qu’après la seconde guerre mondiale : 1948 pour le Lions-Club, 1950 pour la Table ronde, 1968 pour le Kiwanis… En 1939, il y a cent Rotary-clubs en France qui regroupent 3000 membres [4]. Dans notre région, le club de Lille s’est crée en 1927. Des clubs existent à Boulogne, Calais, Dunkerque, Saint-Orner, Valenciennes. Le club de Douai apparaîtra en 1948 [5].
Dès ses débuts, le Rotary-Club subit des attaques violentes provenant de deux milieux : l’Église catholique et les milieux antimaçonniques. ce qui est dénoncé est le caractère de parenté entre la franc-maçonnerie et le Rotary-Club. Si cette accusation peut aujourd’hui faire sourire, ce genre de commentaire est d’une grande importance dans la France des années 20 et 30. Il ne faut en effet pas oublier que la franc-maçonnerie est officiellement condamnée par l’Église catholique, qui pèse un poids considérable, depuis l’encyclique pontificale Humanum genus de 1884. Pour les catholiques, la franc-maçonnerie représente l’Adversaire … et vîce versa. Les élections législatives de mai 1924 ont conduit en France à la victoire du Cartel des Gauches rassemblant radicaux et socialistes. Celui-ci souhaite mettre en œuvre un programme de lois laïques remettant notamment en cause la concordat d’Alsace-Moselle, prévoyant la suppression de l’ambassade de France au Vatican et l’expulsion des congrégations. C’est donc dans une période de réelle tension que le Rotary-Club apparaît en France.
L’Eglise riposte en dénonçant l’action, réelle, de la franc-maçonnerie dans ce programme. Une brochure de AG Michel La dictature de la franc-maçonnerie démontrant que celle-ci domine le Cartel est ainsi publiée par Spes, le grand éditeur catholique et envoyée à tous les évêques. Ceux-ci encouragent la formation d’un grand mouvement catholique de résistance au programme du Cartel, la Fédération nationale catholique (FNC). Celle-ci, dirigée par le général de Castelnau, héros de la première guerre mondiale, déclenche de gigantesques manifestations. On comptera 30.000 manifestants à Saint-Brieuc en janvier 1925, 10.000 à Cholet, 80.000 à Nantes en mars 1925, 50.000 à Nancy ou à Angers en mars 1925, 75.000 à Marcq-en-Baroeul, 100.000 à Landernau [6]. La FNC regroupera entre un et deux millions de membres et touchera 12 % de la population adulte masculine [7]. C’est donc une organisation de masse.
La FNC est puissamment organisée. Son journal, Le Bulletin o@ciel de la FNC, tire à 50.000 exemplaires. Le Point de direction, mensuel adressée à tous les adhérents tire à 40.000 exemplaires. La Correspondance hebdomadaire est adressée à tous les comités diocésains, aux comités cantonaux et à plus de 800 journaux [8]. La FNC publie également un hebdomadaire grand public, La France catholique. Elle n’hésite pas à attaquer par voie de presse ou de brochures ceux qu’elle estime être ses adversaires. C’est ainsi que la franc-maçonnerie [9], la Ligue des Droits de l’Homme [10], l’école unique, le socialisme sont dénoncés. Et dans cette liste, le Rotary-Club trouve sa place. Cette grande organisation catholique sera l’un des adversaires les plus déterminés du Rotary.
En 1935, la FNC publie un gros volume de 383 pages d’AG Michel, La France sous l’étreinte maçonnique [11]. Celui-ci détaille de manière très précise l’action de la franc-maçonnerie en France au travers d’extraits de documents maçonniques et étudie les différents relais des loges en France. P 80, figure une longue liste des groupements maçonnisés où les Rotary-Clubs figurent au côté de la Ligue de l’Enseignement, de la Libre Pensée, des syndicats de fonctionnaires et d’enseignants ou des patronages laïques. P 97-98, l’attaque est beaucoup plus précise. Après avoir rappelé le rôle du Rotary et son implantation en France en reprenant des informations parues dans Le Rotary de janvier 1933, l’auteur dénonce : ”Sous prétexte de tolérance, d’idées larges, la philosophie rotarienne met toutes les religions sur le même plan.(…) L’inspiration du Rotary est dans l’ensemble, une inspiration maçonnique. Il su@t de Eire le code moral rotarien, pour voir comment il est fondé sur un conception de la vie morale très éloignée de la conception spirituelle et chrétienne. Tout se réduit à un utilitarisme individuel masqué par un vague idéal humanitaire.”
La FNC précise ses attaques en publiant, courant 1936, une brochure anonyme de 32 pages sous une couverture orange, Les Catholiques et le Rotary [12]. Auparavant, La France catholique, notamment dans ses numéros du 10 novembre 1934, sous la plume de Verax [13] et du 30 mars 1935 avait dénoncé le Rotary comme étant une annexe de la franc-maçonnerie Quatre chapitres composent la brockure. Le premier est consacré à la philosophie rotarienne à qui il est reproché d’être sans dogme et sans croyance. Le second est consacré au code moral du Rotary, “composé de onze commandements, les uns faux, les autres inoffensifs, d’autres plus ou moins hermétiques” [14]. Le troisième, intitulé “Rotarysme et franc-maçonnerie” dénonce les relations de fait entre le Rotary et la franc-maçonnerie et insiste sur un de leur point commun : une rigoureuse neutralité que les catholiques intransigeants de la FNC traduisent par “un indifférentisme religieux absolu”. Les principes communs sont“une moralisation universelle en dehors de toute base religieuse, un paternalisme égalitaire couvrant l’ambition de tenir l’ensemble des leviers de commande de la Société” [15]. Ces trois principes constituent le cœur de la critique théorique faite à votre club. Partant du principe qu’ils figurent également dans la franc-maçonnerie, le Rotary est qualifié, p 12, “d’œuvre paramaçonnique”. Trouvant cette œuvre très intéressante et si conforme à ses principes, “la Maçonnerie anglo-saxonne a décidé de la noyauter systématiquement pour y exercer sur des profanes choisis une action appropriée à leur milieu.” Et la brochure de conclure : “Tous ceux qui s’intéressent à ce mouvement trouveront là le fil conducteur qui leur permettra de s’expliquer bien des choses, dans les idées, dans le langage, dans le symbolisme et dans les hommes du Rotary.”
La plaquette analyse consciencieusement toutes les mentions de la presse rotarienne, surtout anglo-saxonne, signalant des contacts entre le Rotary et la franc-maçonnerie ou la double appartenance. C’est Je cas du Bulletin de la Grande Loge d’Espagne du 11 janvier 1928, rendant compte de l’invitation d’un dignitaire maçonnique à une réunion du Rotary de Vénezuela le 15 août 1927, de la revue maçonnique suisse Alpina du 30 avril 1927 annonçant une conférence en loge sur le Rotary ou commentant en 1929 la condamnation du Rotary par les évêques espagnols ou de The Rotarian de janvier 1933 signalant les succès professionnels d’un rotarien américain, maçon du 33è degré. De plus, les critiques de même nature parues dans d’autres publications constituent d’autres preuves : articles de La Gazette de Varsovie du 1er février 1928, de La Revue d’Apologétique de juin 1929 ou du quotidien également catholique La Croix du l5 juin 1930 [16] ou ceux de la Revue internationale des sociétés secrètes sur lesquels nous reviendrons. De même, le symbolisme rotarien, la roue dentée à six rayons et vingt-quatre dents et un moyeu avec son trou de clavette, les couleurs du drapeau rotarien (fond blanc : pureté, sincérité, or : amitié, car de même qu’elle a subi l’épreuve du feu, nous trouvons dans le Rotary des amis éprouvés, bleu : esprit de service car comme le ciel entoure la terre, l’esprit de service anime le Rotary) sont évidemment comparés au symbolisme maçonnique.
La brochure dénonce également les ambitions sociales du Rotary et son organisation internationale. L’action du Rotary féminin [17] l’est également (“La “soeur” soroptimiste ne nous sédatif pas beaucoup plus que le “frère” rotarien”) ainsi que son action en direction de la jeunesse : “Nous connaissons les Pupilles des Loges, nous avons les Pupilles du Rotary. (…) Nous avons les camps de vacances rotariennes où les camps comprennent comprennent un jeune homme par nation. (…) un jeune homme par district de la planète, quelle magnifique salade : un chinois confucianiste, un américain de l’Ordre de Molay [18], un danois pratestant, un français catholique – quelle aubaine – un jeune patagon, adorateur du feu, un juif syrien, ah le bel organe invertébré pour la “formation” de la jeunesse.” [19] Ce travail de dénonciation se termine par une vive critique des prises de positions pacifiste du Rotary, accusé d’antimilitarisme et par une conclusion affirmant : “Le Rotary n’est pas un mouvement professionnel, n’est pas un club amical d’hommes d’affaires. C’est une entreprise pseudo-religieuse, philosophique et morale” [20].
C’est en fait le principe de neutralité et de fraternité en dehors de toute dimension religieuse qui est ici reprochée. L’accusation portée est celle d’indifférentisme mettant toutes les religions ou révélations sur un même pied d’égalité. Il est facile de glisser alors vers la maçonnerie,
Ces critiques ne restèrent pas confinées à quelques cercles étroits, Le 4 février 1929, le Vatican prend officiellement position et interdit aux prêtres de faire partie du Rotary [21]. Le 23 janvier 1930, les évêques espagnols affirment : “Que les fidèles se gardent de donner leur nom de telles sociétés”. En France, le 21 juin 1929, l’archevêque de Bordeaux reprend la décision des évêques espagnols. Son texte est reproduit dans plusieurs Semaines religieuses [22]. En juin 1930, les évêques de Hollande affirment : “Nous estimons de notre devoir d’affirmer bien nettement que l’affiliation au Rotary n’est pas permise à un catholique.” La brochure de la FNC reproduit évidemment, en épigraphie sur sa couverture, de telles citations ! On remarquera quand même les nuances entre ces textes : celui du Vatican ne vise que les prêtres, ceux d’-Espagne et de Hollande visent tous les catholiques. D’autre part, l’accusation de collusion avec la franc-maçonnerie n’y apparaît pas directement. Mais cette çampagne sera à l’origine de démission dans certains clubs français : à Angers, à Boulogne sur Mer où les deux fondateurs démissionnèrent, à Dunkerque, Chartres, Amiens [23]…
Ces positions furent celles de l’Église. Mais aux franges de celle-ci, des minorités bruyantes s’occupèrent d’amplifier encore ces déclarations. C’est principalement le cas de la Revue internationale des sociétés secrètes (RISS) de Mgr Ernest Jouin. Ce prélat, décédé en 1932, n’était nullement un marginal dans l’Eglise. Voici comment le décrit Emile Poulat, l’un des grands sociologues du catholicisme français : “Personnalité marquante et unanimement respectée, dont l’œuvre et l’action ont été louées et encouragées par Benoît XV et Pie XI, qui le nommèrent l’un prélat domestique et l’autre protonotaire apostolique, dont les funérailles furent présidées par le cardinal. Verdier et la biographie préfacée par Dom Cabrol, et dont on a pu proposer à Rome en 1957 la cause de béatification ” [24]. La RISS fut publiée de 1912 à 1939. Élément de l’intégrisme catholique, elle dénoncera inlassablement tous les ennemis de l’Église, unis au sein du complot judéo-maçonnique, en publiant de multiples documents à leur sujet afin de mieux les connaître pour mieux les combattre. Au premier rang des ennemis, se trouvent les Juifs [25], les francs-maçons, mais aussi les modernistes, au sens catholique du terme, et pêle-mêle, les nudistes, les ésotéristes, les partisans de la crémation des corps, les démocrates-chrétiens, les jésuites, les scouts, les rotariens… Si l’ensemble. laisse aujourd’hui le lecteur perplexe, la qualité de la documentation publiée par la RISS est réelle.
C’est en travaillant sur la collection de cette revue, adversaire acharnée du scoutisme, que j’y ai découvert les critiques et attaques contre le Rotary qui apparaissent à partir de 1929. Celles-ci sont d’aîlleurs assez similaires, Il n’est pas rare que les articles dénonçant le scoutisme évoquent le Rotary et vice versa. Les nouveautés d’origine anglo-saxonne qu’ils constituent, leur aspect de tolérance universelle à l’écart des religions [26], leur appel aux hommes de bonne volonté vont nécessairement amener des comparaisons entre ces deux organismes, les rotariens étant évidemment ridiculisés en étant qualifiés de boy-scouts.
“Il reste établi que le Rotary-Club a été crée par trois francs-maçons, qu’il s’est répandu de par le monde grâce à l’appui de la franc-maçonnerie, qu’il est actuellement dirigé par un comité de direction international composé de membres inféodés à la Secte, qu’il propose à ses adeptes un code moral presqu’en tous points semblable à celui de la franc-maçonnerie, qu’il professe une soi-disant neutralité condamnée par l’Eglise” écrit la RSS dans un article intitulé “Rotary-club, Soroptimist-Club et franc-maçonnerie” [27]. Dès 1929, la RISS a publié une Petite chronique rotarienne donnant des échos de la vie des clubs français à partir de la presse locale” [28]. Et l’article s’achève sur une note ironique évoquant “le jour ou le Rotarisme, comme le Scoutisme, aura gagné la partie en Europe latine comme dans le monde anglo-saxon.” La RISS va régulièrement publier des informations attaquant le Rotary [29]. les avis favorables de la franc-maçonnerie à son sujet, l’engagement des rotariens à appuyer-les organismes internationaux tels le Bureau international du travail ou la Banque des règlements internationaux constituent à chaque fois des preuves supplémentaires de l’action maçonnique au sein du Rotary. Qu’un ouvrage paraisse quelque part dans le monde pour dénoncer le Rotary, la RISS en rendra compte [30]. Et quand le Cercle Ernest Jouin donne des conférences sur la franc-maçonnerie, le Rotary est évidemment étudié [31]. Les articles de la RISS contre le Rotary seront rassemblés en une brochure.
Le parallélisme des raisonnements de la RISS sur le scoutisme et le Rotary est frappant. Pour elle, ces deux institutions ont été fondées par des francs-maçons” [32], voulant agir de manière indirecte. Dans les deux cas, il s’agît d’organismes venus des pays anglo-saxons et protestants, organisés au plan international sans référence religieuse explicite. Il ne peut donc que s’agir de machines de guerre contre l’Eglise, d’éléments du complot antichrétien, ourdi depuis des sièges dans l’ombre par ses ennemis : les juifs, les francs-maçons, les protestants. Claude Malbranke publie d’ailleurs dans son livre [33] un autre document faisant apparaître le parallélisme scouts-Rotary. Il s’agit d’une note affirmant que “l’opération la plus insidieuse et la plus réussie de la franc-maçonnerie est le Rotary. Les jamboree [34] des scouts et le Rotary s’abritent sous la formule de la tolérance, vertu, cardinale du, vocabulaire maçonnique, pour servir.. de paravent au zèle infernal que les papes ont condamné et dénoncé dans les sociétés secrètes. Le Rotary-Club et beaucoup d’autres chausse-trappes sont des émanations directes en vue du noyautage de l’Eglise et de sa destruction. Rotary (rouage=roue) pour la mécanique d’encerclement de l’Eglise par l’union de toutes les religions et irreligions, pour la moraLe et la spiritualité.”
2) 1940-1944 : l’interdiction du Rotary-Club et l’action des services de police antimaçonnique
Toutes ces critiques, pour désagréables qu’elles soient, n’avaient pas de conséquences graves. La défaite de la France en juin 1940 et l’avènement du gouvernement de Vichy créent une situation très différente et ouvrent une période difficile pour le Rotary. L’un des premiers actes du nouveau gouvernement est de promulguer dès le 13 août 1940 une loi interdisant les sociétés secrètes. Ce texte interdit les obédiences maçonniques, oblige les fonctionnaires à signer un engagement sur l’honneur selon lequel il ne sont pas francs-maçons, révoque ceux qui le sont. A partir de 1941 et jusqu’à 1944, les noms des dignitaires francs-maçons sont publiés au Journal officiel. 34 000 noms sont ainsi publiés. Selon Claude Malbranke, seuls 31 rotariens apparaissent dans ces listes [35]. La répression frappe directement les francs-maçons, symboles d’un système politique et de valeurs honnis par Vichy.
Le Rotary est également interdit mais sur des bases différentes. En effet, dès le 28 août 1940, une ordonnance militaire allemande a interdit en zone occupée l’activité de toutes les associations, la formation de nouvelles associations ainsi que les uniformes et pavoisement, Les scouts semblent directement visés par ce texte, powant être soupçonnés d’activités paramilitaires. Mais il est également possible que ce texte ait permis l’interdiction d’activité du Rotary en zone occupée. De nombreux clubs (Bayonne, Besançon, Boulogne…) sont l’objet de perquisitions dès l’arrivée des Allemands, une interdictiond’activitésétantmêmenotifiéà certains (Blois, Lorient…) [36] Ce qui n’empêche toutefois pas certains clubs de se réunir.
Le danger vient aussi du côté du gouvernement français. Pour combattre la franc-maçonnerie, un service de police spécialisée, le Service des sociétés secrètes (SSS) a été mis en place sous la direction du capitaine de frégate Robert Labat. De plus, à ses côtés, œuvrent dans le même domaine d’autres services directement liés aux Allemands [37]. Le SSS pourchasse les francs-maçons, dresse des fiches, fait des enquêtes, exploite les lettres de dénonciations. Mais il n’hésite pas à s’intéresser à beaucoup de monde. C’est ainsi que son service de documentation de Paris prévoit un important plan de classement de ses archives où l’on retrouve en 8e la jeunesse (patronages, auberges de jeunesse, scouts) et en 11e la Libre Pensée, le Rationalisme et le Rotary [38]. Mais on y trouve aussi l’armée, l’Église catholique, les gaullistes, les communistes, la Société Théosophique ou les groupes druidiques ! C’est bien le propre des états totalitaires de ficher et de surveiller toutes les activités sociales, surtout celles qu’ils ne contrôlent pas directement.
Lors de ses interrogatoires à la Libération, Robert Labat devait déclarer A propos du Rotary : ”Je sais que cette organisation mondiale est d’inspiration anglo-saxonne et fortement imprégnée d’esprit maçonnique, non que la plupart de ses membres soient francs-maçons mais la plupart de ceux qui occupent des postes élevés. Cette organisation sert indiscutablement à collecter des renseignements économiques, au moins… [39]”. Lors de son procès, il affirmera “Le Rotary-Club est une filiale de la franc-maçonnerie.” Jean de Verchère qui lui a succédé à la tête du SSS en octobre 1942 affirme le contraire : “Mais non ! J’ai des amis qui en sont ! La vérité, c’est que les Allemands prescrivaient de s’intéresser à tout, au Rotary, aux cartomanciennes, aux diseuses de bonne aventure !…” [40]
Certes, les Allemands s’intéressaient au Rotary. Un document produit lors du procès prouve leur intérêt pour votre club. Il s’agit d’une note du chef de SSS de zone Nord, Jacques de Boistel, au chef du SSS à Vichy, datée du 16. décembre 1943, signalant que les. Allemands. ont demandé une enquête générale sur le Rotary [41]. Mais le SSS n’a pas besoin de leurs instructions. Une autre note du SSS également produite lors du procès précise :”Rotary-Club : Faire une enquête régionale sur le Rotary-Club, sur lequel ont est très mal renseigné et au sein duquel semble exister une certaine activité maçonnique. Cette enquête doit être faite pour information et non pas d’une façon agressive.” [42]. Et dans un rapport de juin 1942, le délégué du SSS pour l’Algérie note que ”la franc-maçonnerie de haut luxe, Le Rotary, continue à poser ses pions un peu partout et particulièrement dans la Légion (Française des Combattants) où leur influence Leur ménage les postes de commande. Seul le décret de dissolution nous débarrassera de cette pieuvre anglo-saxonne. “ [43]
La propagande se déchaîne contre le Rotary. Au Pilori, hebdomadaire parisien violemment antisémite, spécialisé dans la délation, dénonce régulièrement le Rotary-Club, création anglo-saxonne et franc-maçonne. Le 1er octobre 1942, Au Pilori titre “Vichy capitale maçonnique ? Où le Rotary-Club remplace le Grand-Orient”. La conclusion est la suivante : “Tant que l’on permettra à ces messieurs de se réunir impunément et de conspirer ouvertement contre la sûreté de la France révolutionnaire, le relèvement de notre pays restera compromis et son intégration Eoyale dans l’Europe nationale-socialiste restera lettre morte.” [44] En avril 1942, la revue officielle Les Documents maçonniques créée peur dénoncer et stigmatiser l’action des francs-maçons publie un grand tableau sur deux pages : ”Comment 50 000 francs-maçons actifs imposaient leur volonté à des millions de français au cours de leur vie politique, professionnelle, familiale et sociale”.Dans la partie “cercles d’influence économiques”, le Rotary-Club et le Soroptimist-Club figurent en bonne place [45].
Dans ses mémoires, Henri Du Moulin de Labarthète, directeur de cabinet du maréchal Pétain, note qu’en mars 1941, un décret constata la nullité de plusieurs associations maçonniques. “J’intervins, de justesse, pour faire mettre hors de cause les membres du Rotary, dont l’a@liation à la franc-maçonnerie n’était qu’une assez pauvre fable entretenue par de mauvais plaisants…” [46] Mais on ne peut pas ne pas noter une curieuse coïncidence : le 9 février 1941, soit juste avant la promulgation de ce décret, l’amiral Darlan est devenu vice-président du Conseil. Or, il est lui même rotarien. Ses adversaires politiques, au premier rang desquels figure Pierre Laval, le savent et voudrait bien en déduire une affiliation maçonnique [47].
La situation du Rotary en Belgique donne quelques raisons de croire à une intervention en faveur du Rotary en France. Le Rotary de Belgique est officiellement interdit par une ordonnance du commandement militaire allemand le 24 août 1941. Or, les organisations interdites avec lui sont celles qui sont visées dans le décret français de 1941, avec le Rotary en plus. Leurs biens sont saisis, leur presse interdite [48]. Certains extrémistes, comme le délégué du SSS pour l’Algérie ont manifestement souhaité en France une interdiction explicite du Rotary.
L’après-guerre
Alors que l’on pouvait penser qu’une page était définitivement tournée avec la fin de la seconde guerre mondiale, le 20 décembre 1950, le Saint-Office publiait un nouveau décret rendu public le 11 janvier 1951. Celui-ci dispose que“les clercs n’ont pas le droit de s’inscrire à l’association Rotary-CLub ni d’assister à ses réunions. Quant aux laïques, il faut les exhorter à obéir aux prescription du Canon 684 du Code de droit canon”. [49] L’Osservatore Romano, le quotidien officieux du Vatican, commente ainsi cette décision dans un article le 27 janvier 1951 : “La directive donnée par le Saint-Office apparaît justifiée d’une façon générale par l’esprit laïque et areligieux qui caractérise le Rotary, (…) Il appartient à la clairvoyance de ceux qui ont l’honneur de diriger spirituellement les fidèles, c’est à dire aux évêques, de décider si pratiquement, dans leur propre diocèse, le Rotary doit être considéré comme une ssociation “suspecte”. Il est clair que là où le soupçon existe, les évêques doivent exhorter les catholiques à ne pas appartenir au Rotary.” [50] A Lille et à Saint-Omer, des prêtres rotariens, fils disciplinés de l’Eglise, démissionnent en faisant part de leur amertume [51]. On doit quand même noter qu’il existait déjà en France avant 1939 des ecclésiastiques membres du Rotary. Le cas le plus connu est celui de Mgr Rémond, évêque de Nice, membre d’honneur du club local [52].
Le concile de Vatican II (1962-1965) qui marque une étape historique dans l’évolution de l’Eglise qui montre sa volonté d’ouverture au monde va aussî marquer la fin de la défiance envers le Rotary. l.e 14 juin 1979, le Pape Jean-Paul II recevait au Vatican une délégation du Rotary International à l’occasion de son 70e anniversaire. Il devait déclarer à cette occasion : “Chers amis du Rotary, suivant l’exemple de mon prédécesseur Paul VI, je suis heureux de souhaiter cordialement la bienvenue aux membres du Rotary International. (…) Que Dieu soutienne le Rotary-International dans la noble cause qu’il fait sienne : servir l’humanité qui est dans le besoin” [53] On est bien loin des dénonciations de 1929 et 1951.
Certains évidemment s’en désolent [54] et continuent à produire des dénonciations du Rotary-Club. C’est essentiellement le cas des intégristes catholiques etparticulièrement celui de la revue Lectures Françaises fondée en 1957 par Henry Coston. Régulièrement, le sujet revient. En octobre 1997, ce mensuel consacrera huit pages et sa couverture aux clubs-service sous le titre ”Les clubs ne sont pas sans danger !” On y retrouve toute l’argumentation précédemment développée et même les références des articles de la RISS d’il y près de soixante dix ans sur le sujet [55] ! Ce dossier avait été publié à l’occasion de la parution du livre d’Adrien Loubier Le clubisme et les clubs.
En un peu plus de cent pages, celui-ci retrace l’histoire des clubs-service en France et reprend toutes les critiques anciennes. Fidèle au passé, il continue le parallèle avec le scoutisme (p 25 : “la fraternité des membres entre eux, dans une espèce de définition quelque peu “boy-scout” que les membres appellent l’esprit “rotarien” ou p 43 “Enfin, mentionnons l’esprit “boy-scout”qui parait commun à l’ensemble de ses Clubs et qui est lui aussi très naturaliste [56]. (…) Il est évident que c’est le risque de l’altruisme et de la bienfaisance coupées de leur vraie racine, que de tomber dans le travers de la “BA-petit scout” dont le naturalisme tranche jusqu’au ridicule par contraste avec le vrai mobile qui réunit des hommes d’affaires pour la prospérité des dites affaires.” Pour ces milieux, l’évolution de la position de l’Église vis-à-vis du Rotary est évidemment une preuve supplémentaire de son évolution néfaste depuis Vatican II. Le numéro de février 2000 de Lectures Françaises continue imperturbablement dans le même sillon et polémique avec un de ses lecteurs rotariens sur la question de l’origine maçonnique du Rotary.
D’autres milieux catholiques prolongent cette campagne. L’Action Familiale et Scolaire a ainsi publié en 1994 en annexe à une publication Petite chronique maçonnique un document intitulé “La vraie nature du Rotary” [57]. On trouve sans surprise l’accusation de morale sans transcendance et de démarche protestante, d’inspiration kantienne, selon laquelle la morale est fondée sur la conscience. Et la conclusion sans surprise est : le Rotary est un club d’essence maçonnique.
Quel a pu être l’influence de tous ces discours de dénigrement dans le grand public ? Il en reste manifestement quelque chose dans l’inconscient collectif. Ouvrons un ouvrage aussi répandu que le Quid. L’article consacré au Rotary [58]. Le décret du Saint-Office de 1951 y est mentionné ainsi que le discours de Jean-Paul II de 1979. Des ouvrages consacrés aux sociétés secrètes classent dans cette rubrique le Rotary … mais aussi le scoutisme [59].
Quelle conclusion tirer de cette étude des critiques et oppositions au Rotary et au scoutisme ? J’y vois surtout une réelle difficulté d’adaptation à la France des années 20 et 30 de nouveautés d’origine anglo-saxonne sans attache religieuse précise, plutôt déiste, ouvertes à tous. Des attaches maçonniques dans l’origine du scoutisme et du rotarisme, probablement plus pour ce dernier [60] expliquent les réticences des milieux catholiques, très largement dominant en France durant longtemps [61]. L’engagement international du Rotary comme du scoutisme constituèrent également des freins dans ces milieux. La faculté de certains catholiques à déceler des complots partout, leur obstination à expliquer toute évolution sociale comme une conséquence de l’action des forces obscures. Enfin, ces oppositions démontrent la difficulté d’avoir une action altruiste sortant des cadres habituellement admis.
Notes
[1] Epiphanus Maçonnerie et sectes secrètes : le côté caché de l’Histoire, Publications du Courrier de Rome, 1999, 672 pages. Gigantesque fresque du complot ourdi depuis la nuit des temps par la gnose antique, la Cabale juive, les Rose-Croix, la franc-maçonnerie, les Illuminés de Bavière, Saint-Yves d’Alveydre, le socialisme, le communisme, les juifs, la Société Théosophique, René Guénon, les Nations-unies, le New-Age, la Trilatérale … et quelques autres. Le Rotary et les clubs-service y sont modestement dénoncés comme des “sociétés secrètes inferieures”, p 549-550. L’ouvrage est préfacée par Henry Coston, l’un des responsables de la chasse aux francs-maçons durant l’Occupation et auteur de nombreux ouvrages très documentés sur “le dessous des cartes”.
[2] Très peu de travaux d’histoire ont jusqu’à présent été consacrés à l’histoire du Rotary-Club. Le catalogue Opale-Plus de la Bibliothèque nationale de France n’en fait apparafîre que deux : celui de Claude Malbranke et celui de Marc Levin Histoire et histoires du Rotary, imprimerie Bosc frères, Oullins, 1995. Dans le genre pittoresque, Pierre Geyraud a consacré deux pages aux Rotariens dans Les sociétés secrètes de Paris, éditions Emile-Paul Frères, 1938, p 84-85.
[3] II n’est pas possible d’envisager ici l’histoire de ce club. Remarquons simplement qu’il jouera un rôle certain dans l’histoire du féminisme français. Voir Christine Bard, Les filles de Marianne, histoire des féminismes, 1914-1940, éditions Fayard, 1995, p 420-421. Nombre de ses membres seront des militantes en faveur du droit de vote des femmes. La branche féminine du Rotary est en fait apparue en 1924 avec la création en Grande Bretagne de l’Inner-Wheel, club féminin regroupant des femmes qui avaient pris des responsabilités du fait de la guerre de 1914-1918 ainsi que des épouses et des veuves de rotariens. Un club Inner-Wheel est implanté à Douai depuis 1984. La Voix du Nord, édition Douai, 15 mars 2000.
[4] Claude Malbranke, op. cité, p 50 et 60.
[5] Voir son historique dans Nord-Eclair, édition Douai, 15 mai 1998.
[6] Gérard Cholvy et Yves-Marie Hilaire, Histoire religieuse de la France contemporaine, tome 2, éditions Privat, 1986, p 286-287.
[7] Selon Corinne Bonafoux-Verrax qui vient de soutenir une thèse remarquée La Fédération Nationale Catholique, 1924-1940, IEP de Paris, 1999. Recension par Xavier Boniface dans la Revue d’histoire de l’Eglise de France nº 214, janvier-juin 1999, p 215-217. Je n’ai malheureusement pas pu consulter ce travail.
[8] Gérard Cholvy et Yves-Marie Hilaire, op. cité, p 287-288
[9] La franc-maçonnerie, ce qu’elle est, ce qu’elle n’est pas, FNC, sd (1932), par Verax. Sous ce pseudonyme, se dissimulait Jean Marquès-Rivière, homme de lettres, spécialiste de la spiritualité hindoue, franc-maçon de la Grand Loge de France ayant rompu la maçonnerie, devenu spécialiste de la lutte antimaçonnique. Verax publiera de nombreux articles antimaçonniques dans La France catholique. Durant l’Occupation, il verse dans la collaboration extrême, devenant rédacteur en chef de la revue officielle Les Documents maçonniques et réalisateur en 1943 le filmForces occultes dénonçant la franc-maçonnerie. A la Libération, il s’enfuit à l’étranger et sera condamné à mort.
[10] Les filiales de la franc-maçonnerie, la Ligue des Droits de l’Homme, ses cadres, ses sections, FNC, anonyme, sd, (1934).
[11] A.G Michel, La France sous l’étreinte maçonnique, FNC, sd, (1935). Voir annexe I. Ce livre apparaît comme un développement de la brochure du même auteur de 1924 La dictature de la franc-maçonnerie sur la France qui n’évoquait pas, elle, le Rotary-Club. Ce livre d’AG Michel aura une seconde édition en 1945. Selon le catalogue BNF Opale-Plus, cet auteur a également publié en 1924 une brochure anticommuniste La révolution par le communisme, ses debuts, Russie… France… ?
[12] Cotée 4- R Pièce- 3209 à la Bibliothèque nationale de France. Le catalogue BNF-Opale Plus donne la date du 10 juillet 1936, probablement pour le dépôt légal de cette brochure. Voir annexe 2.
[13] Faut-il donc considérer Marquès-Rivière comme l’auteur de ce pamphlet ? Dans son livre L’organisation secrète de la franc-maçonnerie, éditions Baudinière, 1935, il signale, p 178, le Rotary-Club comme un groupement professionnel de la franc-maçonnerie.
[14] Les Catholiques et le Rotary, op. cité, p 7. Un parallèle pourrait être dressé entre le code moral du Rotary et la loi scoute.
[15] Les Catholiques et le Rotary, op. cité, p 11.
[16] L’article écrit à propos d’un congrès du Rotary suisse : “Une motion protestant contre la persécution soviétique ayant été présentée, la majorité de l’assemblée refusa de la voter. Il ne fallait pas déplaire à Staline”…
[17] L’1nner-Wheel est- manifestement inconnu par les critiques français du Rotary. Ceci s’explique probablement par le fait que ce club ne doit, à cette époque, qu’exister en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Ce n’est qu’en 1967 qu’il s’organise au plan international.
[18] Association paramaçonnique de fils et de filles de francs-maçons aux Etats-Unis.
[19] Les Catholiques et le Rotary, op. cité, p 21- 22
[20] Les Catholiques et le Rotary, op. cité :, p 24.
[21] Voir reproduction du texte latin des Acta Apostolicae Sedis, 6 février 1929, p 42 dans Claude Malbranke, op. cité, p 49. Texte en français dans la Revue internationale des sociétés secrètes nº 12, 24 mars 1929, p 298-299.
[22] Mais la Quinzaine religieuse de Savoie nº 29, novembre 1929, autorise les catholiques de la région à s’affilier au Rotary.
[23] Claude Malbranke, op,cité, p 48-50.
[24] Emile Poulat, Intégrisme et catholicisme intégral, éditions Casterman, 1969, p 282.
[25] La RISS joue un rôle de tout premier plan dans l’introduction en France, à partir de 1920, du célèbre faux antisémite Les Protocoles des Sages de Sion, ouvrage décrivant le complot juif mondial pour ruiner le monde chrétien. Mgr Jouin publiera de multiples études pour prouver l’authenticité de cet ouvrage, fabriqué en fait par la police politique du tsar de Russie au début du siècle. Voir Norman Cohn, Histoire d’un mythe, la conspiration juive et les Protocoles des Sages de Sion, éditions Gallimard, réédition Folio Histoire, 1992 et Pierre-André Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion, Faux et usages d’un faux, deux volumes, éditions Bers international, 1992.
[26] Baden-Powell, le fondateur du scoutisme est anglican. La méthode scoute se réfère à Dieu, qu’elle veut faire découvrir aux jeunes. Celui-ci n’est toutefois pas celui de telle ou telle religion. Il existe donc des scouts de toutes confessions religieuses. En Grande-Bretagne, la Boy-Scouts Association n’est liée à aucune religion. Des représentants de chaque grande religion lui sont attachés. En France, par contre, les associations scoutes se sont créées sur des bases strictement confessionnelles : association de scouts protestants, catholiques, juifs…
[27] RlSS nº 15, 1º-15 aoQt 1935, p 504-508. L’article est signé Jacques de Boistel que l’on retrouvera sous l’Occupation comme chef du Service des sociétés secrètes pour la zone Nord à partir d’octobre 1942. Voir annexe 3.
[28] RSS nº-5, 3 février 1929, p 134-1:43, avec des échos des activités des clubs de Dijon, Perpignan…
[29] RSS nº6, 15 mars 1933, nº13, 1er juillet 1933, 1er février 1934, nº8, 15 avril 1935, nº9, 1er mai 1935, nº10, 15 mai 1935, nº11, 1er juin 1935, nº12, 15 juin 1935.
[30] RlSS, partie judéo-occultisme, n°7, juillet-août-septembre 1932, p 152 : “Los Rotarios, sus tendencias en el orden social, moral y religioso, par Felipe Alonso Bàreena (éditions Razon y Fe, plaza de Santo Domingo, 14, Madrid). Nrous ne connaissons pas de meilleure critique de ce type d’infiltration maçonnique qu’est le Rotary-Club”.
[31] Ligue Franc-catholique, Vérités sur la pane-maçonnerie, “recueil de conférences données par le Cercle Ernest Jouin, 1º série, 1934. p 165 : ” Le Rotary-Club, né de pères maçons et dont les tendances sont à la fois agnostiques et internationalistes, qui ne se compromette pas dans une action purement maçonnique, mais prépare le terrain et sert de champ de recrutement ou, si l’on veut d’antichambre.” Le texte renvoie à la RISS du 15 mars 1933.
[32] Tant pour le scoutisme que le Rotary, il est remarquable de constater que dans les deux cas, la qualité, réelle ou supposée de franc-maçon de leur fondateur respectif est régulièrement évoquée. Voir Daniel Ligou, Dictionnaire de la pane-maçonnerie, Presses universitaires de France, 1987. P 1043, il signale que “Bien que le Rotary ait eté fondé en 1905-par un père américain, Paul Haras, de Chicago, il n’a aucun rapport avec la franc-maçonnerie.” p 1094-1095 ; il évoque le scoutisme et qualifie de “légende solidement établie” l’appartenance maçonnique de Baden-Powell. Il est en tout cas intéressant, de noter qu’un tel ouvrage de référence sur le franc-maçonnerie contient des articles sur le Rotary et le scoutisme !
[33] Claude Malbranke, op. cité, p 50-52.
[34] Réunion mondiale des scouts tous les quatre ans dans un pays différent.
[35] Claude Malbranke, op. cité, p 50.
[36] Claude Malbranke semble voir dans les mesures de perquisitions ou d’interdiction des Rotary l’effet de la loi du 13 août 1940. Il me semble plutôt qu’il faut y voir, au travers des témoignages qu’il a rassemblés, une initiative propre des Allemands. Aube parallèle avec les scouts : dès leur arrivée, les Allemands font entreprendre par les préfets un recensement des groupes scouts dans toutes les communes de zone nord.
[37] Il y a en fait en 1942 pas moins de cinq services différents de police antimaçonnique à Paris, français et allemands. Voir Pierre Chevalier, Histoire de la franc-maçonnerie française, éditions Fayard, 1975, tome 3, p 342. ”Dominique Rossignol, Vichy et les francs-maçons, éditions JC Lattès, 1981, p 146.
[38] Dominique Rossignol, Vichy et les francs-maçons, éditions JC Lattès, 1981, p 146.
[39] Interrogatoire de Robert Labat, 15 février 1945 ; Cité par Lucien Sabah dans son livre documenté et foisonnant, Une police politique de Vichy, le Service des Sociétés Secrètes, éditions Klinsieck, 1996, p 176. Le procès du SSS se déroulera du 25 novembre au 5 décembre 1947. Robert Labat est condamné aux travaux forcés A perpétuité, à la confiscation de se biens, à la dégradation nationale et est déchu de l’ordre de la Légion d’Honneur. Il meurt au camp d’internement de Noé le 14 septembre 1947 lors d’une tentative d’évasion. Sa mort déclenchera une révolte de tous le camp, la capture des gardiens et l’évasion de 50 prisonniers politiques. A ses côtés, avaient comparu lors de son procès d’autres personnes déjà évoquées dans cette conférence : Jacques de Boistel, (15 ans de travaux forcés), Jean de Verchères, (15 ans de travaux forcés), Bernard Fay (travaux forcés à perpétuité), Robert Vallery-Radot, (en fuite), tous deux dirigeants des Documents maçonniques. Jean Marquès-Rivière sera condamné à mort lors d’un autre procès le 1er juin 1949.
[40] Paris-Presse, 29 novembre 1946 cité par Dominique Rossignol, op. cité, p 156.
[41] En Allemagne, le Rotary a été interdit à partir de 1937. Dès 1932, la presse nazie y dénonce l’influence juive. Voir Claude Malbranke, op. cité, p 29-35.
[42] Lucien Sabah, op. cité, p 176 pour ces deux notes.
[43] Lucien Sabah, op. cité, p 109 et p 127.
[44] Voir d’autres exemples de celle littérature dans Claude Malbranke, op. cicé, p 53, p 381-382.
[45] Curieusement, Claude Malbranke, op. cité p 46, affirme que le Rotary n’est pas mentions dans cette liste alors qu’il figure bien.
[46] Henri Du Moulin de Labarthète, Le temps des illusions, souvenirs, (juillet 1940-avril 1942), A l’enseigne du Cheval ailé, Genève, 1946, p 278. Ouvrage qualifié par l’historien américain Robert O. Paxton, l’un des grands spécialistes de Vichy de “livre aussi tendancieux qu’agréable”. Du Moulin fait plusieurs erreurs dans ce passage. Le décret est du 27 février 1941 et non de mars 1941. Il interdit la Grande Loge Nationale Indépendante, le Droit Humain et la Société Théosophique. D’autre part, le Grand-Orient et la Grande Loge de France ont été interdit dès le 19 août 1940 et non pas en mars 1941 comme il l’écrit. On peut donc se demander à la lecture de ce texte si l’interdiction du Rotary ne figurait pas dans le projet initial du décret du 27 février 1941.
[47] Voir Claude Malbranke, op. cité p 336-337 pour l’activité rotarienne de l’amiral Barlan au sein du club de Saint-Malo. Pierre Chevalier, op. cité, p 357-358 reprend à L’Histoire de la collaboration de Saint-Paulien la description de l’entrevue en mars 1942 entre Laval et Henry Coston, dirigeant du Centre d’action et de documentation, l’un des cinq services anti-maçonniques. Laval veut à tout prix que Coston trouve un document prouvant que Darlan est franc-maçon. Son appartenance au Rotary est un début de preuve qu’il cherche à compléter.
[48] Voir Claude Malbranke, op. cité, p 42.
[49] Voir La Documentation catholique nº 1087, 28 janvier 1951, colonnes 69-70. Le canon 684 dispose : “Il faut encourager les fidèles à faire partie des associations érigées par l’Eglise ou du moins recommandées par elle. Qu’ils évitent, au contraire, les sociétés secrètes condamnées séditieuses, suspectes ou celles qui s’efforcent de se soustraire à la légitime surveillance de l’Eglise”.
[50] La Documentation catholique, nº1088, 11 février 1951, colonnes 128 à 136. Claude Malbranke, op. cité, p 58.
[51] Claude Malbranke, op. cité, p 57 et p 338-339.
[52] CIaude Malbranke, op. cité, p 50 et p 255.
[53] La Documentation catholique, nº1768, 15 juillet 1979, citée par Adrien Loubier, Le clubisme et les clubs, éditions Tradiffusion, Bulle, 1996. Le texte de cette brochure est d’abord paru en plusieurs parties dans le bulletin Sous la Bannière nº59, mai-juin 1995, nº 60, juillet-août 1995 et nº 62, novembre-décembre 1995.
[54] Epiphanus dans Maçonnerie… op. cité, p 549, évoque même l’appartenance de Jean-Paul II au Rotary et se désole de la présence parmi les rotariens italiens de cinq cardinaux, dix archevêques, dix-neuf évêques et de nombreux prélats.
[55] Voir annexe 4.
[56] Et c’est sur la base de l’accusation de naturalisme qu’un procès fut intenté aux Scouts de France, en 1924, par les intégristes catholiques au Vatican, Quelques interventions judicieuses permirent d’éviter une condamnation du jeune mouvement.
[57] Action Familiale et Scolaire nº104, décembre 1992 et nº113, juin 1994. L’AFS est issue des réseaux de l’Office international, mouvement catholique contre-révolutionnaire qui fit beaucoup parler de lui durant la guerre d’Algérie.Lectures Françaises nº 453, janvier 1995, a consacré toute une page de critique très favorable à cette publication.
[58] Page 571 dans l’édition 1999.
[59] Voir Christian Plume et Xavier Pasquini, Encyclopédie des sectes dans le monde, éditions Alain Lefeuvre, 1980, p 384-385 pour le Rotary et p 400 pour le scoutisme ; Jean-Pierre Bayard, Le Guide des sociétés secrètes, éditions Philippe Lebaud,1989, réédition 1997, p 205-208 pour les clubs-service et p 17 pour le scoutisme. D’autres ouvrages plus ou moins sérieux consacrés aux sociétés secrètes évoquent alternativement le scoutisme ou le Rotary.
[60] Henry Coston, toujours très informé, affirme dans son Dictionnaire de la politique française, Publications Henry Cossa, tome 1, 1967, p 941, que l’un des plus actifs rotariens français et qui fut quelque temps gouverneur du Rotary français fut Ulysse Fabre, vénérable de la loge La Cité Future d’Orange. Claude Malbranke, op. cité, p 92-93, confirme son engagement maçonnique et rotarien. Il fut gouverneur du 49e district pour l’année rotarienne 1934-35.
[61] On pourrait a contrario se demander quelle proportion représentent les protestants au sein du Rotary, eu égard à l’origine anglo-saxonne du club et l’importance de la réussite personnelle pour ceux-ci.