24/08/2037
Suite à la promulgation de la loi sur le nouveau « permis de mariage », instrument désormais indispensable pour obtenir l’autorisation de se marier en France, nous avons obtenu une interview exclusive avec la ministre des sexualités et de la lutte contre les discriminations, Madame Najet Schiappaud.
NOM : Cette loi a été enfin voté après 6 mois de tergiversations, de manifestations dans la rue et de couacs gouvernementaux. Etes-vous soulagée ?
NS : Oui, c’est pour moi une grande joie et un sentiment du devoir accompli. Nous avons réussi à faire passer cette loi historique, qui représente une énorme avancée concrète dans l’égalité des droits et le droit au bonheur de tou(te)s. La République a vraiment la responsabilité de fournir à chacun les moyens d’une vie épanouie sur les plans maritaux et sexuels.
Une contestation exagérée
NOM : Certains de vos opposants vous reprochent d’avoir imposé la loi sans tenir compte de la contestation populaire ?
NS : Tout d’abord, il ne faut pas exagérer l’importance de cette opposition. Quelques centaines de milliers de manifestants, tout au plus, dont beaucoup d’organisations extrémistes, se sont ligués contre la majorité silencieuse du pays. Ensuite, nous avons bien assoupli cette loi pour tenir compte des réticences de certains : ainsi, la validation du permis pourra se faire auprès de plusieurs plateformes accréditées, et plus uniquement via la plateforme Sevola. Cela permettra à chacune des sensibilités d’orienter le parcours de formation, en tenant compte de ses propres sensibilités, tout en gardant le tronc commun républicain, nécessaire au vivre-ensemble.
NOM : La plateforme Sevola, donc vous êtes une des cofondatrices… Certains y voient un conflit d’intérêt évident ?
NS : Il s’agit là de procès d’intention. Le choix de la plateforme de référence s’était fait sur des bases claires, un appel d’offre avait été lancé et Sevola l’a remporté. Le jury était composé de personnalités indépendantes, reconnues pour leur expertise, et je me suis moi-même mise en retrait de ce jury, afin d’éviter tout malentendu
NOM : Revenons au projet de loi. Un de ses articles les plus disputés concerne l’obligation faite à tous les lycéens de première, de remplir leurs 5 cases d’expérimentation de la sexualité. Les chrétiens de l’Eglise Unie, notamment, ont protesté que cela allait contre la liberté de conscience et de religion, saint principe édicté par Vatican 2.
NS : Les chrétiens feraient mieux de balayer devant leur porte, avec tous leurs scandales internes de robotophilie qui ont émaillé leur histoire des dernières années, alors qu’ils s’étaient prononcé contre sa légalisation en 2029. Toujours est-il que là aussi, le gouvernement, malgré son devoir d’éduquer tous les jeunes, a laissé la porte ouverte à de la souplesse. Le remplissage du permis en mode manuel est toléré, et générera un contrôle manuel par l’inspection académique. Si nous recommandons une des plateformes de suivi (NDLR : 5 à ce jour, dont Evola), c’est uniquement dans un but de faciliter le suivi des expérimentations. Evola par exemple, permet de sélectionner automatiquement les 5 profils adaptés, et offre aux couples d’un soir une grille de notation scientifique, qui leur permettra de progresser dans leur apprentissage du plaisir. Cela permet également de vérifier que les expérimentations ont bien eu lieu, mais ce n’est pas du flicage, c’est nécessaire au bon fonctionnement de l’algorithme. D’ailleurs, 15% des écoles partenaires d’Evola viennent du privé
Liberté ou bonheur ?
NOM : Rappelons que ces 5 profils doivent obligatoirement contenir une personne d’une autre ethnie, une personne plus âgée de plus de 5 ans, et une personne de genre différent, ou identique pour les homogenruels. Vos opposants crient à la perversion de la jeunesse, que leur répondez-vous ?
NS : Ces gens-là n’éduquent pas leurs enfants sur ces questions et voudraient nous empêcher de le faire, c’est criminel de refuser ainsi à ses enfants le bonheur. Heureusement que l’état veille sur eux. Cette sélection a été voulue pour favoriser la mixité et la diversité, déconstruire les stéréotypes, et avant tout aider les lycéens à découvrir tous les types de plaisirs. La plateforme apporte beaucoup de facilité à tout cela, elle évite de se poser des questions lorsqu’on fait des rencontres basées sur des sentiments : ici, c’est l’ordinateur qui prévoit les rencontres, cela élimine les biais affectifs et permets aux jeunes de mieux profiter de l’expérimentation. Nous considérons justement que la perversion vient du manque d’expérimentation de beaucoup de jeunes. Nos opposants veulent des mariages qui durent longtemps : précisément, avec ce permis, nous avons calculé que le taux de divorce chutera de 20%. La stabilité des familles dans la société est également notre priorité, et c’est pour cela que nous souhaitons que fonder une famille ne soit plus un acte individuel et égoïste, mais un acte approuvé par la société toute entière. Fonder une famille et avoir des enfants, c’est aussi faire appel à la solidarité nationale pour les éduquer et les nourrir, les crèches, les associations : cela suppose donc des devoirs envers la société : ce permis remet de la symétrie entre le mariage et la société. En cela, je pense qu’il s’inscrit pleinement dans la logique de notre gouvernement de centre-droit.
NOM : Des figures de l’émancipation sociale comme Marlène Schioppa ou Nijat Bilkacim, se sont prononcées pour une simplification de votre projet, pourtant ?
NS : Ces femmes sont d’une autre génération, incapable d’évoluer et de comprendre que le bien commun doit passer avant la liberté individuelle. Elles étaient la génération chômage, et ont conçu leur politique sociale autour de l’économie : des droits sociaux et familiaux pour être à l’égal des couples hétéros mariés, sous un angle individuel, capitaliste. Nous, la génération suivante, qui sommes nées sous le terrorisme, avons grandi dans l’ambivalence permanente de l’abandon de certains droits individuels en échange de la protection globale de la société. Nous pesons le pour et le contre et savons imposer les décisions les meilleures globalement, même si cela peut poser problème à ces féministes rétrogrades. Que je sache, Simone Veil ou Lionel Jospin, avaient aussi pris position contre le mariage pour tous il y a un quart de siècle ; l’histoire semble se répéter.
Un futur plus radieux
NOM : Quelles sont vos prochaines priorités ?
NS : Nous travaillons actuellement sur la rénovation du mariage : à l’image de ce qui avait été fait avec la fusion du CDD et CDI en économie, en un contrat unique, nous réfléchissons à la fusion du PACS et du mariage en un contrat unique, avec des droits progressifs selon l’ancienneté. Cela permettrait de rendre également notre « permis de mariage » plus progressif, il y aurait des étapes à franchir régulièrement. Bien sûr, une partie du permis resterait nécessaire avant de se mettre officiellement en couple, une autre partie serait nécessaire pour avoir des enfants. Ensuite, peut-être tous les deux ans dans une relation, un examen du permis serait à franchir. C’est encore en bouillonnement et je ne peux pas vous en dire plus, d’autant que la société n’est pas encore prête. Nous devons donc travailler par étapes, pour éduquer la population afin qu’elle comprenne l’intérêt de cette réforme.
NOM : Najet Schiappaud, merci pour votre franchise.
Note : toute ressemblance avec la réalité est purement fortuite.